L’apprentissage de la résilience appreciative
La pause et l'après-Corona » : l’apprentissage de la résilience appréciative !
Une pause qui pourrait rappeler l’adage « après l’effort, le réconfort ». Cette phrase, dont l’origine est imprécise, nous dit qu’il faut apprécier le calme après un moment difficile. Ce moment difficile a été particulièrement difficile parce que cette lame de fond a touché les entreprises dans leur organisation du travail et les systèmes familiaux. Difficile également de par la soudaineté, l’incoercibilité, l’incompréhensibilité, les doutes, les peurs, les risques, les menaces, les drames, les remises en questions profondes des habitudes et des procédures, les changements et bouleversements qui se sont produits et dont les effets continuent à générer de l’inquiétude, de l’incertitude, de l’anxiété, de l’isolement.
Au-delà de la rime, le choix du mot réconfort est judicieux. Le mot réconfort définit ce qui redonne du courage, de l'espoir. Le dictionnaire linternaute.fr va même plus loin en désignant plus particulièrement le réconfort comme « une action, un geste ou des mots qui procurent de la consolation dans un moment particulièrement douloureux ou triste. »
C’est comme se référer à une autre action populaire : « le calme après la tempête ». Le lien de cause à effet contenu dans cette phrase a un côté rassurant dans la mesure où un événement dangereux, inquiétant, dramatique se prolonge par un retour à un état serein.
C’est donc cet état de sérénité qui est intéressant à considérer.
« L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-même de ce qu'on a fait de nous. », Jean-Paul Sartre…
En s’appuyant sur la logique de ce philosophe français, fondateur de l’existentialisme, nous touchons à la notion de la responsabilité du choix que nous faisons face aux événements qui se produisent. Nous avons donc le pouvoir de réagir face aux évènements auxquels nous faisons face. Nos réactions se font de façon plus ou moins consciente, oscillant entre une réponse en pilote automatique et celle en pleine présence à soi. Chaque fois que nous n’obéissons pas à un réflexe, nous grandissons, nous gagnons un peu plus en liberté et autonomie. C’est ce qu’avait identifié de docteur Viktor Frankl lorsqu’il a posé le postulat suivant : “Entre le stimulus et la réponse, il y a un espace. Dans cet espace réside notre pouvoir de choisir notre réponse, et notre liberté.” Ce principe affirme que si nous ne pouvons pas changer une situation subie, nous pouvons choisir l’attitude avec laquelle nous allons l’affronter.
De nombreux cliniciens, psychiatres, philosophes et autres spécialistes du fonctionnement de l’être humain (le mouvement de la psychologie positive, l’approche neurocognitive, la Mindfulness ou méditation en pleine conscience) ont mis en évidence ce principe que nous avons le pouvoir de reprendre en main notre propre fonctionnement. Notre conscience de nos propres fonctionnements nous permet d’organiser nos réflexions et nos choix, de rester présent à nos ressentis et sensations et enfin de nous mettre en mouvement. Il est ainsi possible de faire des allers et retours sur nos pensées, nos émotions et nos actions. Cela n’est possible que lorsque nous sommes capables d’amener une forme d’élasticité à l’intérieur de nous-mêmes.
« La résilience, un processus non linéaire permettant à une personne ou à un groupe ayant subi un ou plusieurs traumatismes de mener une vie satisfaisante à ses propres yeux, et dans le respect d’autrui », Jacques Lecomte…
Il est donc possible de faire vivre en nous un état et un processus dynamique de nature multidimensionnelle reposant sur des facteurs de vulnérabilité et de protection acquis avant le traumatisme où l’épreuve et des facteurs de résilience individuels, familiaux et sociaux, favorisent le processus.
Nous pouvons trouver des indices sur nos capacités relatives à faire face à ce qui nous arrive. Qu’est ce qui fait que certains ont traversé la crise du Coronavirus avec une forme de neutralité ou ont pu retrouver un équilibre malgré qu’ils aient traversé des moments difficiles, douloureux, traumatiques, etc... Quelle est cette différence qui fait la différence ?
« Faire grandir ce qui marche plutôt que placer son énergie à rectifier ce qui ne marche pas »…
La démarche de l’Appreciative Inquiry, également appelée « questionnement appréciatif » ou « démarche appréciative » est une façon incontestable de remplacer les diagnostics, les critiques et les points de vue négatifs par une focalisation sur l’énergie qui donne ou a donné vie à ce qui a été vécu. Il s’agit de voir et considérer ce qui peut être retenu et qui apportera une richesse ou une plus-value après cette pause Corona.
Afin de trouver ce qui peut être retenu de cette période, revenons sur cette expression « Appreciative Inquiry » . Elle désigne une méthode de conduite du changement, ayant vu le jour à la fin des années 1980 aux États-Unis, et qui s’est largement répandue de 1990 à nos jours, en rayonnant maintenant sur les cinq continents. Le mot « Appreciative » met en évidence le fait de valoriser, estimer, honorer, admirer hautement et/ou accorder de la valeur à quelqu’un ou quelque chose. Il s’agit ainsi de pouvoir mieux comprendre et reconnaître ce qu’il y a de meilleur en nous et autour de nous. Affirmer les forces, les réussites et les potentiels permet ainsi de percevoir tout ce qui donne vie à nos systèmes -que ce soit en terme de santé, vitalité , excellence, etc…- et se souvenir que nous avons les capacités en nous pour créer des formes de stimulation en nous-même. Le mot « Inquiry » signifie enquêter, ou bien encore explorer systématiquement, découvrir, rechercher, étudier, poser des questions afin de pouvoir rester ouvert et voir de nouveaux potentiels et possibilités.
Sous-tendu par ces 2 mots, l’objectif de la démarche appréciative est avant tout d’identifier les facteurs de réussite individuels ou collectifs. C’est à partir de ces découvertes, qui prennent en compte des éléments non quantitatifs, que des changements solides et positifs peuvent être envisagés de façon réaliste. Nous serons riches demain de toutes ces sources de vie que nous avons pu faire naître en nous ou que nous avons pu observer autour de nous par ces formes de résilience, ces états d’esprits plus souples, ces nouvelles considérations de la réalités.
Concrètement, cette démarche nous guide au travers de 5 étapes : une 1ère phase de « DÉFINITION » pour identifier ce qui est recherché, une 2ème phase de « DÉCOUVERTE » pour rechercher ce qu’il y a de mieux dans le fonctionnement d’un individu ou d’un groupe ou d’une organisation, une 3ème phase de « DÉVENIR » pour explorer les rêves et les souhaits, une 4ème phase de « DÉCISION » pour décider comment se fera l’organisation et enfin une 5ème phase de « DÉPLOIEMENT » visant à mettre en œuvre concrètement le plan d’actions qui active les leviers de changement.
Et moi, et moi, et moi…
Dans le cadre de mon métier de coach, formateur et facilitateur de groupes, j’ai été confronté, tout comme mes clients ainsi que tous leurs environnements familiaux, sociaux et professionnels, à cette pandémie de Covid-19, véritable tragédie humaine et crise sanitaire internationale. J’ai été confronté à une série de symptômes spécifiques à cette crise sanitaire qui débordaient du cadre habituel d’accompagnement en business coaching. Ces symptômes, publié dans une étude de l’équipe du Prof. Brooks (Kings College), parue dans The Lancet le 26/02/2020, se présentaient de différente nature : stress aigu, stress post-traumatique, confusion, colère, burn out lié au facteur de durée et de peur du risque d’infection, frustration, ennui, carence de certains produits de consommation, informations inadaptées ou tronquées, perte de revenu, stigmatisation. J’ai ainsi fais face à des symptômes inhabituels par rapport aux demandes plus classiques en business coaching.
J’ai été confronté également aux 10 motifs de souffrance en confinement, telle que l’étude IFAI-Sandy Proustde mai 2020 les a mis en évidence. Ces motifs, listés par ordre décroissants en pourcentages, sont : isolement, peur liée à la perte de l’emploi, manque de reconnaissance du management, conciliation travail et hors travail, pression du temps, quantité de travail, situations de conflits internes, manque de soutien, complexité du travail, manque de Leadership. A l’inverse des symptômes propres à cette crise sanitaire, mes motifs de souffrance dus au confinement étaient très similaires à ceux rencontrés dans le cadre d’accompagnement en business coaching.
Enfin, en me référant à l’étude de l’équipe du Prof. Brooks pointant les effets négatifs du confinement en terme de peur (20%), de nervosité (18%), de tristesse (18%), de culpabilité (10%), de bonheur (5%) et de soulagement (4%), j’ai été particulièrement surpris d’y trouver les mots tels que « bonheur » et « soulagement » ! En effet, comment certains arrivent à ces états d’être intérieurs, sachant que parmi ces personnes, certaines ont pu passer par des stades intenses, voire extrême d’inquiétude, incertitude, anxiété et isolement ?
Cette logique s’explique par notre capacité à reprendre en main notre propre fonctionnement à un moment donné, et est certainement un des ingrédients pour pouvoir à la fois traverser des moments « désagréables », quelque soit leur amplitude, et ensuite aller chercher, faire naître et cultiver des moments plus « agréable » dans la palette et la variété de chacun.
« Il ne faut jamais gaspiller une bonne crise » Winston Churchill…
L’expérimentation du modèle de l’Appréciative Inquiry est ainsi d’une richesse formidable pour parvenir à une auto-distanciation et auto-dépassement de ce qui nous est arrivé lors de cette crise sanitaire. La richesse que nous en retirerons tous, individuellement et collectivement, que nous soyons coach ou clients, ou issus de toutes autres professions et autres statuts sociaux-professionnels, c’est notre capacité à installer et faire vivre cette philosophie de la vie, cette attitude qui consiste à amener en soi des formes d’optimisme et d’enthousiasme en s’appuyant sur des moments ayant eu de la valeur face au tragique de l'existence pour permettre ainsi de changer la souffrance en motif de réalisation et d'accomplissement.
What’s next…
Que sommes-nous prêts en tant que coach à apporter à la communauté ? En me fixant sur ce qui est sous mon contrôle, je répondrai inconditionnellement : mon optimisme et mon enthousiasme face au tragique ou à ce qui est difficile, pour aller chercher ces richesses insoupçonnées qui sommeillent ou vivent en en moi et en nous et qui sont des moteurs pour un redémarrage plus conscient, plus confiant et plus durable. Mon métier de coach, qui consiste à accompagner les individus, les équipes et les organisations pour leur permettre de libérer le potentiel et les talents s’accorde avec ma vision d’un monde plus humaniste : faire grandir ce qui marche le mieux pour une meilleure perspective de futur !
Et comment mettre tout cela en pratique ?
Je vous propose quelques questions simples pour identifier et retenir les enseignements de cette période sur lesquels vous avez envie de construire ?
- A quel moment, dans cette « pause Corona », vous êtes-vous senti plein de vitalité ? Qu’avez-vous pu faire pendant cette période que vous ne faites pas d’habitude ou que vous ne faites jamais ou encore que vous n’auriez pas pu faire ?
- Sur quelle ressource vous êtes-vous appuyé pour faire l’expérience de cette vitalité, pour faire l’expérience de quelque chose que vous ne faites pas d’habitude et qui vous a procuré une satisfaction ?
- Quel souhait pouvez-vous formuler pour vous-même pour que cette ressource vous soutienne dans cette période post-COVID ?
- A partir de votre souhait, formulez une action prioritaire que vous allez mettre en place et visualisez-la pour pouvoir l’atteindre à votre rythme.
Vous voilà maintenant prêt à vous mettre en route sur ce chemin délicat et subtil d’un déconfinement résilient en vous appuyant sur vos ressources, grâce à l’Appreciative Inquiry, une démarche et un état d’esprit qui fait reposer l’avenir et le changement sur les réussites. Bons vents, bons succès !
Ainsi, notre monde qui a brutalement changé en 2020 dans des dimensions inattendues et avec des perspectives inconnues, nous fera aller, Hommes et organisations, vers plus d’agilité, d’inventivité et d’adaptation face à la complexité. Vous êtes donc maintenant prêts à emprunter le chemin subtil d’un déconfinement résilient et de la construction d’une nouvelle normalité.
Avec la démarche appréciative (Appreciative Inquiry ou AI), nous nous enrichirons individuellement et collectivement d’une approche pratique, d’un processus permettant d’explorer, au travers de dialogues, les forces d’un système permettant de se consolider et de construire son devenir. Nous serons également capables de créer en soi-même un état d’esprit, une façon de vivre permettant de considérer le monde sous un angle plus appréciatif, c’est « être AI ».
Pour ce faire, je vous invite à installer en vous-même 2 fondamentaux. L’un consiste à faire confiance au processus de l’AI, parce que plus on laisse le processus se dérouler, plus il donne sa pleine mesure ! L’autre sera de cultiver votre attitude de non-savoir en abandonnant un instant ce que vous savez pour laisser la place à la découverte et à l’appréciation de ce qui est !
Alors, bon vents, bons succès et bienvenue à la surprise !